samedi 11 juillet 2015

bonnes vacances !

Ce n'est qu'un court répit qui ne nous fait pas abandonner nos actions pour reconquérir l'autonomie et la fonction vitale de la Salle Pleyel.
Vous aurez des rebondissements à la rentrée !
D'ici là, bonne musique à travers les festivals….

mercredi 17 juin 2015

un européen s'étonne :

Fleur Pellerin sera peut-être plus réceptive en anglais :

" I lived for ten years in Paris and I attended innumerable concerts in salle Pleyel. I have nothing against the Philarmonie, but I think it is absurd to forbid classical music in Pleyel. Why not share the programming between both halls, like Bastille and Palais Garnier do? I also think this should not be decided by governments or bureaucrats but by truly independent boards of the institutions themselves, as it would be in most western countries ".

jeudi 11 juin 2015

Un internaute témoigne :

" Si vous ne savez pas où vous allez, au moins sachez d'où vous venez, dit le proverbe africain. Nous sommes en train de se laisser effacer notre histoire et notre patrimoine au profit de l'argent. Le patrimoine musical européen n'a que très peu d'endroits à Paris pour s'exprimer. Le refus politique de cette culture dont trop peu a été fait en France pour la transmettre aux jeunes est comparable (mais beaucoup moins visible) aux destructions au moyen orient. Elle préfigure bien d'autres. Il est vrai que la musique classique est assimilable à une religion (authencité du texte, communion des applaudissements, assemblées face aux musiciens, l'importance de l'interprète et du dogme qui l'entoure), faute à l'église d'avoir su répondre aux aspirations spirituelles d'une part importante de son peuple. Mais l'amalgame est dangereux : car le vide laissé par la destruction de nos temples aspirera une autre forme de prière bien moins conviviale. Comme la courtoisie et la langue française, la musique classique est un mur de notre maison en cours de démolition. 
Il n'est pas certain que la maison suivante nous convienne mieux, y compris aux démolisseurs."

jeudi 28 mai 2015

La musique classique en danger ?

Hier François Hollande au Panthéon s'est indigné contre l'indifférence.
Il a proclamé que "chaque génération a un devoir de vigilance et de résistance...".

Ceci s'applique particulièrement bien au monde de la musique classique, en France.
La situation actuelle est alarmante.
Nos orchestres symphoniques sont en danger, les conservatoires de musique connaissent d'énormes difficultés et nos artistes français pour la plupart, sont célébrés ailleurs que dans notre pays.
Et pour confirmer cette euthanasie avec préméditation, on décide arbitrairement d'éteindre notre sanctuaire musical, la Salle Pleyel.

Dans son discours, le Président invoque : "la résistance face au fanatisme, aux injustices...".
Il y a effectivement de l'idéologie chez nos dirigeants à combattre ainsi la musique classique. Elle permet aux musiciens et à leur public, des idées longues dans une société qui génère le zapping dans tous les domaines et donc des idées courtes et donc peu de possibilité de concentration et d'écoute.
Ces qualités précieuses ne semblent plus partagées que par les musiciens, les usagers de l'écriture et les chercheurs scientifiques.


C'est donc cela qui fait peur à nos décideurs ?

vendredi 15 mai 2015

Histoire de Pleyel chapitre IV/IV

Après le 3ème chapitre.

Ces entrepreneurs sur quatre générations, nous ont démontré ce que des musiciens intelligents et décidés savent faire. Ils sont parfaitement modernes. ils me donnent l'envie de continuer leur histoire, de la pousser à l'extrême du savoir et de l'esthétisme, alors que nos contemporains ne se sont occupés que de contenants politiques sans contenu !

Venons-en à ce contenant qui a du contenu, ce grand auditorium. C'est cette humanité et cette intelligence qui va guider Gustave Lyon dans la création de la grande Salle Pleyel.
Imaginez : vous vous trouvez face à un palais art-déco ; ce style né en France dans les années 1920 et qui est devenu mondial. Vous entrez dans une vaste rotonde avec 9 colonnes gigantesques disposées en cercle soutenant un puis de lumière qui rejailli au sol sur une marqueterie en étoile de marbre blanc crème et noir, comme pour dire au visiteur "venez, ici il y a de la lumière", et le papillon entre se baigner dans la lumière vive et chaude apportée par les décors et ferronneries en bronze doré. Vous entrez dans le grand hall majestueux très dépouillé mais chaleureux avec de merveilleuses marqueteries blanches et noires au sol et un plafond formé par de grands carrés de marbre beige, diffusant une lumière indirecte.

Vous accédez aux trois salles par quatre escaliers montants pour la grande salle et deux escaliers descendants pour la salle Chopin de 500 places et la salle Debussy de 150 places. Et là, en montant l'escalier, en poussant les doubles portes de cuir noir, vous vous trouvez soudainement dans un monde nouveau : un vaste auditorium aux formes rondes, aux murs d'un doré sourd longs de 50 mètres, larges de 30 mètres et s'envolant sur 17 mètres éclairés de lumières indirectes, avec 3000 fauteuils recouverts de peau de vache blanche et noire, ancrés dans un parquet de bois d'angélique, des fresques dans les tons de mauve parcourant la base des murs jusqu'au premier balcon.

Un délire de simplicité et de richesse. Entrer dans cet halo doré tout en formes courbes, préfigure les aventures humaines futures. Il est clair que Gustave Lyon veut donner une nouvelle spatialisation du concert symphonique, là où le son devient roi et les émotions sublimées. Et poser son arrière-train sur de la peau de vache ramène aux sources de la nature, la grande inspiratrice !
C'est autant une sublimation architecturale, qu'acoustique, qu'il réalise. Il invente l'architecture de l'acoustique, l'orthophonie, grâce en partie à sa recherche sur l'évolution du piano, comme démontré précédemment. Il invente une scène qui a la forme d'un porte-voix dirigé vers une immense voûte en briques recouverte de béton d'un seul tenant, sans support apparent. Pour diffuser le son pleinement à 3000 spectateurs, il faut de la puissance et donc le son va être projeté du point central de la scène vers chaque fauteuil par un système de calculs d'ondes directes et indirectes, un peu comme au jeu du billard.

Et ainsi, je vous assure que l'on pouvait chuchoter sur scène et qu'au dernier rang du 2ème balcon, on entendait parfaitement. Pas besoin de micros ! Un soir lors d'un concert, Roch Olivier Maistre, alors à la mairie de Paris et depuis président du conseil d'administration de la cité de la musique, vint me voir. Je le fis monter et asseoir sur les dernières marches du dernier balcon pour qu'il apprécie la beauté du son. Elle était inexplicable. Qu'est ce qu'un beau son ? 
Outre la qualité de l'interprète, qu'est ce qui vous garantit une belle sonorité ? les systèmes de diffusion électroniques ? la qualité des matériaux ? Non. C'est la synergie entre la conception du bâtiment, la disposition technique des divers éléments et la spiritualité du lieu. C'est pourquoi le sujet de l'acoustique mène à des critiques de toutes natures, sans vrai fondement car la beauté du son est indescriptible, parfaitement abstraite sauf à nous émouvoir aux larmes.

Outre les espaces de concerts, Auguste a prévu la construction de studios de musique à louer, des surfaces d'expositions de pianos, un bar, un atelier de réparation d'instruments, et pour aérer tout cela il invente l'air rafraîchi, qui grâce à des réservoirs d'eau glacée placés sur le toit, va rafraichir par des bouches d'air les salles de concerts.

C'est l'ancêtre et peut-être le futur de l'air conditionné. De l'aveu de l'architecte Paul Andreu qui me reçut en 2005 en Chine à Beijing, pour visiter son "nouveau centre national des arts" la Salle Pleyel fut son modèle pour construire sa salle symphonique. De même à Lucerne, Jean Nouvel qui édifia en 1998 une salle de concerts en forme de conque de bateau, s'inspira de la conque d'oreille de Gustave.


Fin.

lundi 11 mai 2015

Histoire de Pleyel Chapitre III/IV

Après le 2ème chapitre.

Ce troisième pionnier Auguste Wolff (1821-1887) est l'associé de Camille depuis 2 ans. Lui aussi pianiste talentueux et compositeur. L'entreprise étant très florissante, on a besoin de s'étendre, et donc à nouveau, on va déménager. cette fois-ci on voit très grand, on achète un bout de la plaine Saint Denis.
De nos jours, il ne nous reste que le Carrefour Pleyel, la rue Pleyel, le métro Pleyel, pour nous rappeler cette ruche de l'époque. Sur 55.000 m2 d'usines, Auguste y installe 400 machines-outils. L'air comprimé et la vapeur pour les machines sont générés par une station autonome. D'immenses hangars sont construits pour sécher le bois. l'usine ressemble à un bourg dans la plaine.
700 ouvriers s'activent et un escadron de pompiers est à demeure.
2500 pianos par an sortent de l'usine qui affiche sur le fronton de la porte d'entrée : Pleyel - Wolff et Cie.

Auguste Wolff marié à la nièce du compositeur Ambroise Thomas, aura neuf enfants dont Germaine qui épousera en 1883, Gustave Lyon. Quatre ans plus tard, Auguste épuisé par tant d'exploits, meurt. Gustave lui succède.
C'est notre quatrième pionnier Gustave Lyon (1857-1936).
Quel cerveau celui-là ! Il est polytechnicien, ingénieur des mines et excellent musicien. Il va étudier particulièrement la science du son. Elle fait appel à la mécanique des fluides, la mécanique vibratoire, la mécanique du solide transformable et la thermodynamique. Le terme acoustique vient du grec ancien (akoustikos) qui signifie l’ouïe. Déjà au 6ème siècle avant J.C., Pythagore étudia l'acoustique musicale. Les grecs à l'époque maitrisaient parfaitement les propriétés sonores des matériaux qu'ils utilisaient pour édifier leur amphithéâtre.
Le théâtre d'Epidaure construit au 4ème siècle avant J.C. est un joyau qui témoigne de cette science. Galileo - Galilei en 1638, dans ses " discours mathématiques concernant deux sciences nouvelles ", commente la notion de fréquence musicale. L’ouïe est généralement considérée comme le plus fin des sens ; l'acoustique explore sa physiologie qui va du pavillon de l'oreille jusqu'aux corrélations synaptiques du cerveau. En fait, l'acoustique c'est la propagation dans l'air d'un son constitué par un mouvement d'air rapide qui parvient à l'oreille humaine.

En France, nous avons la chance d'avoir Gustave Lyon qui au début du 20ème siècle va découvrir des secrets d'acoustique, et nous offrir une salle de concerts unique. Mais bien avant, en 1890, Pleyel fête la sortie de son 100.000 ème piano.
Gustave modernise les usines, les pianos sont traités pour supporter des variations atmosphériques importantes. On les envoie en Amérique du Nord et du Sud, en  Australie.

Dans le livre "la Salle Pleyel" de Fourcaud, Pougin et Pradel, paru en 1893 à Paris on lit page 119 : " On peut dire que les pianos de MM. Pleyel, Wolff et Cie sont connus et appréciés du monde entier. Il n'existe point peut-être de notoriété plus universelle. leur solidité à toute épreuve, les qualités du son qui les caractérisent, leur ont assuré depuis longtemps la faveur de tous ceux qui se servent de cet instrument. Ils possèdent surtout sans exception la haute préférence de tous les maîtres du piano en France et à l'étranger. Voici d'ailleurs la preuve la plus éloquente de l'estime dont ils jouissent : depuis sa fondation, la maison Pleyel Wolff et Cie à fabriqué et vendu 108.000 pianos. C'est évidemment le plus bel éloge qui puisse être fait de ses instruments ".

Il faut savoir que l'organisation ouvrière et l'économie sociale instaurées par la famille Pleyel, sont un modèle d'intelligence pratique. Si nos entreprises actuelles bénéficiaient d'un tel modèle, bon nombre d'organisations étatiques deviendraient inutiles et notre société serait apaisée.
D'abord, on considère l'ouvrier comme un associé, membre d'une association qui est l'usine. Pour y entrer dans cette usine, on doit faire ses preuves. Prenons un enfant qui entre en apprentissage à l'usine. D'abord il entre à l'école Pleyel placée dans l'usine même, entre 5 et 8 ans ; il peut compléter son instruction à l'école publique de Saint Ouen ou Saint Denis. Muni de son certificat d'études, il revient à l'établissement et fait trois ans d'apprentissage. On le fait passer dans tous les ateliers pour acquérir une instruction professionnelle complète. Par une compréhension très élevée de l'usine, on veut qu'il ait une connaissance suffisante de toutes les parties de la facture. On ne dresse pas des machines, on forme des hommes ayant des lumières sur tout ce qui concerne le métier. Au bout de ces trois ans, on dirigera l'apprenti vers telle ou telle spécialité, après avoir observé ses aptitudes particulières.
On donne à l'apprenti un franc par jour, puis deux, puis trois. Dès que le jeune est devenu ouvrier il gagne 4 jusqu'à 8 francs pour un travailleur d'élite. On lui apprend à épargner dès l'enfance, on lui donne une petite caisse pour cela, et pour l'encourager la direction lui verse chaque année une somme égale à ce qu'il a réussi à épargner. Ceux qui sont célibataires ou qui logent trop loin de l'usine trouvent un excellent repas à bon marché. L'usine Pleyel a fort bien compris son rôle de tutelle en développant chez les sociétaires le sens de la prévoyance et de la responsabilité.
Si l'ouvrier veut placer l'argent qu'il a mis de côté, la maison Pleyel lui ouvre un compte de dépôt portant un intérêt que bien peu d'état et de placements industriels sont en mesure d'assurer de nos jours. Le placement rapporte intérêt, le prêt n'en coûte aucun. Celui qui demande un emprunt l'obtient sur son "simple engagement d'honneur" de le rembourser, à raison de 2 francs par semaine. Tout le système est basé sur la confiance et la loyauté. Et cela fonctionne très bien ! Les malades sont visités gratuitement par le médecin, et les médicaments leur sont donnés gratuitement.
En dehors de cette assistance de la maison, les ouvriers ont organisé deux sociétés de secours : la société de secours mutuel et le groupe mutuel. Ce dernier recrute par adhésions volontaires, tandis que la société englobe d'office tous les ouvriers. Lorsqu'enfin l'ouvrier atteint 60 ans et se trouve avoir 30 ans de service, il devient pensionnaire tout en continuant à travailler à l'atelier, s'il le veut. C'est à dire qu'outre son salaire, il reçoit une pension minima de 365 francs par an, et cela sans qu'il ait jamais versé un sou à la caisse des retraites ou subi la moindre retenue d'appointements. A sa disposition, l'ouvrier a une bibliothèque privée de 3000 livres, un club d'archers avec un stand de tir aménagé, une fanfare dont les instruments sont un don de la maison et dirigée par un chef de musique de talent.
A chaque étape de sa carrière, l'ouvrier trouve une institution d'aide, de camaraderie, de secours ou de prévoyance.
Pour expliquer son management, la maison Pleyel explique que : "nous considérons notre affaire comme la collaboration intelligente et volontaire de tous nos ouvriers".

Ces entrepreneurs sur quatre générations, nous ont démontré ce que des musiciens intelligents et décidés savent faire. Ils sont parfaitement modernes. ils me donnent l'envie de continuer leur histoire, de la pousser à l'extrême du savoir et de l'esthétisme, alors que nos contemporains ne se sont occupés que de contenants politiques sans contenu !

A suivre….

mardi 5 mai 2015

Pleyel ou Steinway ?

Un Steinway sinon rien ? 
Marianne. Dimanche 03 Mai 2015 
Emmanuel Tresmontant

" La diversité est adorable, disait Alain. Et l'uniformité, en ces temps de rapacité mondialisée, toujours suspecte. Affligé par la fermeture des manufactures Pleyel en 2013, le mélomane curieux peut se poser la question : pourquoi les plus grandes salles de concerts du monde sont-elles toutes équipées de pianos Steinway & Sons ?…".





Notre réponse :


Chopin déclarait : "un Pleyel sinon rien..."

Effectivement la diversité est adorable…Jouer et entendre Ravel ou Bach avec la même sonorité l'est moins ...
En effet, Steinway représente le piano que la majorité des pianistes peut jouer, un son qui ne déçoit pas mais qui ne fascine pas, alors que les pianos faits par Pleyel représentent autre chose.
Est-ce qu'un pianiste veut pouvoir obtenir à travers son instrument un son personnel, un son qui fera qu'on le reconnaîtra, un son qu'il pourra façonner à sa guise ?
Oui, mille fois oui !
C'est cela qui est possible avec les pianos de la période romantique tels que Pleyel, qui pour chaque exemplaire donne un son unique couplé avec le musicien qui le joue.

Steinway a démocratisé le piano, mais le son ne peut pas être magnifié par le toucher car il n'a que peu de marge de transformation; les grands pianistes tels que A. Cortot, jouait sur des pianos Pleyel qui lui permettait d'élargir l'échelle des nuances de leur partition.

Que vaut-il mieux ?
Que le plus grand nombre joue au détriment de la qualité ou que l'excellence serve de point de repère pour le plus grand nombre ?
Démocratie ou aristocratie ?
Je dirai les deux, cela dépend de l'usage.
A entendre nos amis pianistes, ils souhaitent se distinguer de la standardisation actuelle des pianos Steinway.
Quoi de mieux que d'avoir l'exact instrument jouant les partitions de la même époque ?
Ce qu'on a réussi avec les violons, les Stradivarius, les Guanerius et d'autres, peut être fait avec les pianos pour la période romantique. Il suffit de sortir ces merveilleux instruments des greniers.
C'est ce qu'il serait intelligent de faire à la Salle Pleyel, réunissant ainsi les différents instruments de la création musicale des 19 et 20ème siècles, pianos et acoustique d'une grande salle.



lundi 4 mai 2015

Histoire de Pleyel. Chapitre II/IV

Après le 1er chapitre.


Deuxième pionnier : Camille Pleyel (1788-1855).
Pianiste et compositeur, il va grâce à de nombreux échanges avec les facteurs d'instruments des grandes villes d'Europe, donner de nombreux concerts mais aussi imaginer puis concevoir les pianos les plus évolués, le son le plus raffiné grâce à des inventions techniques qui seront le sujet d'une vingtaine de brevets.

En 1827, l'usine Pleyel compte 60 ouvriers et produit 108 pianos par an. Fier de son succès, Camille pense qu'il est temps d'avoir un salon de musique à lui, où le public pourra entendre ses pianos et ses musiciens. Il s'installe 9 rue Cadet dans l'hôtel particulier Cromot du Bourg. Un an plus tard, le premier concert présente Marie Moke une jeune pianiste jolie et talentueuse, alors fiancée à Berlioz, et dont il s'éprend !

L'année 1831 sera capitale pour lui : il épouse Marie Moke, perd son père qu'il enterre au Père Lachaise et rencontre Chopin. Ce jeune pianiste polonais récemment arrivé à Paris, installé dans deux petites chambres sous les toits, a besoin d'un piano. Il se rend à la maison de location des pianos Pleyel et choisit un piano capable de s'accommoder de l’exiguïté de son logement.

Pour choisir son instrument, il joue son propre concerto en mi mineur fraichement composé, sur plusieurs modèles ; les loueurs de pianos sont très impressionnés et organisent une rencontre avec le patron. A partir de cette rencontre, un chapitre nouveau de l'histoire du piano s'écrit.

" Camille Pleyel conscient des qualités exceptionnelles de ce jeune prodige, comprend qu'il vient de rencontrer l'interprète idéal pour mettre en valeur la poésie sonore de ses instruments " Pleyel, la passion d'un siècle de Jean Jude.

Il organise un concert pour Chopin dans le salon Pleyel en février 1832. C'est le premier concert de Chopin à Paris. Le salon contient 100 places. Il n'est pas plein, une menace de choléra s'abattant sur Paris. Cependant Liszt, assistant au concert, écrit : " les applaudissements les plus redoublés ne semblaient pas suffire à notre enchantement en face de ce talent qui révélait une nouvelle phase dans le sentiment poétique et de si heureuses innovations dans la forme de son art ".

Et Antoine Orlouski, ami de Chopin d'écrire : " notre cher Frédéric a donné un concert qui lui a rapporté un peu d'argent et beaucoup de gloire. Il a écrasé tous les pianistes de la capitale. Paris en est stupéfié ! ".
Les grands de ce monde se pressent pour acheter des pianos Pleyel. Des revendeurs Pleyel s'installent à New York, en Suède, à Madrid, à Naples. De Paris on expédie des pianos à Varsovie, à Tunis, à Mexico. Chopin devient le professeur de piano le plus apprécié de Paris, les meilleurs pianistes veulent ses conseils. Pleyel publie ses compositions, Chopin reçoit 10% du prix des pianos Pleyel vendus. l'impact artistique rejailli sur l'impact commercial, les finances sont florissantes. Chopin adore les plus petits pianos de Pleyel "le pianino" sur lequel il donne ses cours et avec lequel il voyage. Il surnomme Camille Pleyel " le chérissime ". Chopin et Liszt joue ensemble.
Un soir de 1836, Liszt présente Georges Sand à Chopin. Un amour mythique éclate entre Paris, Nohant, Majorque. Chopin fait des concerts en province et chaque fois le public est émerveillé. Encore plus de leçons demandées, encore plus de pianos vendus.
La recherche artistique entre les pianistes virtuoses et les techniciens de l'usine Pleyel, entraîne des progrès fulgurants. De nouveaux modèles de mécaniques, de nouvelles formes de pianos.
En 1834, Camille décide de s'agrandir et achète un important terrain rue Rochechouart, afin d'y faire construire des ateliers de fabrication, des salons de vente et une salle de concert de 300 places. Pour financer ces travaux, il met en vente son commerce d'éditions musicales.

Cinq ans plus tard, inauguration du nouveau salon qui va s'appeler "Salle Pleyel", sise au 22 rue Rochechouart. C'est là que se produiront, outre Liszt et Chopin, Cesar Franck, Rubinbstein, Saint Saïens, tous les grands.
En 1848, Chopin fait une ultime tournée de concerts au Royaume Uni. Sa santé déclinant, il jouera pour la dernière fois à Paris chez Pleyel, le 16 février. Il mourra l'année suivante, place Vendôme, au lieu des actuels salons Chaumet. Ses funérailles seront célébrées à l'église de la Madeleine, le requiem de Mozart l'accompagnera.
En 1855, l'entreprise Pleyel reçoit la médaille d'honneur à l'Exposition Universelle à Paris. On produit alors 1200 pianos par an. Le 4 mai, Camille qui occupe l'appartement du 1er étage au dessus de la salle de concert, se lève très tôt comme à son habitude. Pourtant, il ressent une grande lassitude. Il se rend aux portes de ses ateliers pour ouvrir à ses ouvriers lorsque tout à coup, une immense douleur traverse sa poitrine. C'est une crise cardiaque, il meurt sur le coup. Il a 67 ans. Son directeur de l'usine, Auguste Wolff, va prendre sa succession.

A suivre….


mercredi 29 avril 2015

Pleyel, c'est toute une histoire !

Chapitre I/IV
Par Carla Maria Tarditi

L'architecte Le Corbusier affirma que la famille Pleyel avait construit l'auditorium idéal. Pour comprendre cette oeuvre architecturale, il faut plonger dans l'histoire de Pleyel, des pianos et de ses musiciens. L'histoire comporte quatre entrepreneurs de génie. Le premier des pionniers c'est Ignaz Pleyel (1757-1831). 
Autrichien de Ruppersthal, dernier né d'une famille de 24 enfants, sa naissance coûta la vie à sa mère. Elevé par ses soeurs, il montre des dons exceptionnels pour la musique et part à Vienne, étudier chez le compositeur Joseph Haydn, lui-même au service de la plus riche famille d'Europe, la famille Esterhazy. Logé au château Esterhaza qui comprend 126 pièces, une galerie de peinture, un opéra de 400 places et un théâtre de marionnettes, c'est sous la douce attention de "papa Haydn" qu'Ignaz Pleyel étudie la composition. Il assistera à la création des opéras et des symphonies de son maître. Les Haydn n'ayant pas d'enfants, il bénéficie d'une aimante attention. C'est ainsi qu'Ignaz Pleyel écrira son premier opéra pour marionnettes ! A 20 ans, Ignaz a achevé sa formation musicale ; il entre au service du Comte Erdoedy au château de Fidisch, près de la frontière austro-hongroise. C'est là qu'il compose ses deux premières symphonies. Il s'intéresse à un genre très en vogue à l'époque : le Nocturne, musique que l'on joue le soir en plein air. Ignaz compose plusieurs nocturnes pour cors et hautbois pour le parc du Château de Fidisch.
Mais bientôt, ce lieu lui semble trop petit, il a envie de voyager et part pour l'Italie comme Mozart le fit avant lui. Il fit halte à Milan, Naples, Rome et se lie d'amitié avec les grands musiciens.
En 1783, il est appelé à assister le vieux maître de chapelle de la cathédrale de  Strasbourg, riche évêché de France.A sa disposition, l'orchestre et le choeur les plus importants de France après ceux de la chapelle royale de Versailles.
En acceptant ce poste, Pleyel hérite du droit de Bourgeoisie, c'est à dire de la citoyenneté française et Ignaz devient Ignace. Il se marie à la fille d'un ébéniste aisé. Il composera 41 symphonies, 2 opéras, 64 duos et avec Rouget de l'Ilse, l'hymne national français "la Marseillaise".

En 1797, il s'installe à Paris, quartier de la Chaussée d'Antin. Voyant les énormes bénéfices que se font les marchands en vendant sa musique, il décide d'ouvrir une boutique d'éditions musicales. Paris était alors la capitale européenne de l'édition musicale avec 40 maisons d'éditions. Il publie ses oeuvres dont les premières sont dédiées aux demoiselles Erard. Il crée la partition de poche à prix réduit, bien utile aux chefs d'orchestres ! et imprimera plus de 3000 titres.

Sa renommée de compositeur est largement reconnue en Europe puisque Mozart écrira à son père : " ce serait un hasard bien heureux pour la musique si Pleyel était un jour en mesure de remplacer Haydn ".

En 1798, Pleyel déménage pour un local plus grand, rue Neuve des Petits Champs, où il pourra y établir son appartement, sa boutique d'éditions et y ajouter une nouvelle activité : la vente d'instruments. Certes, il a acheté pour son fils aîné Camille aussi doué pour la musique, plusieurs pianos de marque Frard, mais aussi des violons, trompettes, flûtes, clarinettes, etc.....

Son fond de commerce prospère et suscite des jalousies chez ses concurrents. On lui fera un procès qui durera 6 ans. Le succès des éditions Pleyel est tel qu'Ignace achètera, à bon prix, de nouvelles oeuvres qu'il éditera et ainsi, augmentera d'autant sa réputation internationale.

En 1807, Beethoven écrira à Pleyel pour lui demander d'éditer plusieurs de ses oeuvres. Mais cela ne suffit pas encore à sa créativité, il décide de s'associer à Charles Lemme, facteur de pianos à Paris pour créer ses propres pianos.
C'est un risque car il entre en concurrence avec une trentaine de facteurs de pianos parisiens, dont les Erard qui ont déjà à leur actif 6000 pianos. Le contrat stipule que Pleyel avance les fonds de la société et Lemme son savoir.
Les ateliers s'installent Faubourg Saint Martin en 1806. Ils fabriquent un seul  piano ensemble, le contrat sera rompu et Ignace continuera son aventure seul ; sacré caractère ! Il loue un nouveau local au 8 boulevard Bonne Nouvelle, et avec deux ouvriers, construit en 1809 une vingtaine de pianos.

L'année suivante, il dépose son premier brevet d'invention sur un procédé nouveau de fabrication de cordes. Son brevet est accepté. En 1811, il livre entre autres, deux pianos à Jérôme Bonaparte qui le nommera "Facteur du Roi de Westphalie". Un vent de modernisme souffle sur la fabrication Pleyel car Henri Pape, allemand et ébéniste de formation, entre chez Pleyel pour apprendre la facture instrumentale, évolue très vite et devient contremaître. Il adapte le système de Broadwood, facteur anglais, pour la fabrication des pianos qui sont alors carrés, à queues et verticaux.
En 1815, on a déjà fabriqué 350 pianos et on change à nouveau de local pour un plus grand sur le boulevard Montmartre.

Les éditions Pleyel font des bénéfices importants, le fils Camille, concertiste et  compositeur, voyage de par le monde. Ignace désire que son fils revienne à la maison et soit associé à la direction. En 1820, le père annonce par voie de presse qu'à partir de ce jour, toutes les opérations commerciales seront faites sous le nom d' "Ignace Pleyel et Fils aîné". La santé du père décline, Camille est aux commandes. C'est la fin du règne d'Ignace Pleyel.

à suivre….

lundi 20 avril 2015

Devinettes !

- La Caisse des Dépôts refuse de reprendre l'Orchestre National (Les Echos 25/03/15).
Notre orchestre national : SDF
La Salle Pleyel : fermée
Vous devinez la solution ?
L'un rentrant dans l'autre...


- Le Ministère de la Culture dépassé...
La Ministre sourde et muette...
Vous devinez la solution ?
Privatiser les services musicaux et faire tourner les orchestres grâce à un encadrement compétent, formé, enfin ! de musiciens professionnels.


- Nos politiques par leur volonté d'affaiblir les artistes français : musiciens, architectes (dont même le créateur de la Philharmonie a été débouté de sa légitime création), enseignants, écrivains…., démontrent avec cynisme leur dédain pour la pensée française.
Vous devenez la solution ?
Associer le capital privé aux talents.
C'est ce que nous enseigne l'histoire, la technocratie n'étant qu'une malheureuse invention actuelle.

mardi 31 mars 2015

Massacre de la musique française ?

La maison des orchestres qu'est la Salle Pleyel est actuellement fermée arbitrairement par une volonté politique depuis janvier dernier, et nous assistons maintenant à une désagrégation alarmante des orchestres parisiens.

La Salle Pleyel représente depuis des décennies le point d'ancrage et l'équilibre de la vie musicale parisienne. Il serait temps de s'en rendre compte...
On lit dans Les Echos que la caisse des dépôts refuse de reprendre l'Orchestre National au théâtre des Champs Elysées, on lit dans Le Figaro que l'Orchestre Philharmonique par protestation, a joué à la philharmonie devant une salle vide, et qu'à Radio France les musiciens ont manifesté en jouant à l'extérieur du hall.
Le Parisien nous informe qu'un préavis de grève a été déposé à la Philharmonie de Paris par l'intersyndicale des salariés. L'Orchestre de Paris est donc aussi touché.
Il se trouve ainsi que toute l'activité musicale nationale est en sursis.
Massacre programmé ?

Je sais combien il fallait de diplomatie pour organiser dans un même lieu, Pleyel, la cohabitation de ces orchestres vedettes. Mais cela a fonctionné, et sans doublons, sous ma direction.
Cette situation faisait des envieux qui rêvaient de posséder une part de cette activité.
Ce qui se réalisa :
Radio France fit construire un auditorium pour ses deux orchestres symphonique et philharmonique, l'Orchestre de Paris bénéficia de la philharmonie, et le théâtre des Champs Elysées se félicitait de récupérer les productions internationales qui ne seraient plus accueillies à Pleyel et donc, de monter en grade en se considérant comme l'auditorium de référence, alors que c'est un théâtre comme les autres et le restera.
Raymond SOUBIE, responsable de la cohésion sociale et territoriale de nos différents gouvernements, est également Président du théâtre des Champs Elysées.
Par sa volonté de construire un monopole artistique qui ne convient pas au lieu qu'il administre, c'est à dire de s'accaparer les programmes prestigieux de la musique classique, grâce sans doute à ses relations ministérielles, a fait en sorte de signer la décomposition du milieu musical français.
Le résultat est la sous-exposition de nos artistes français reclus dans les nouveaux auditoriums qui ne bénéficient pas de la réputation internationale.
Ainsi, on dévalue l'activité musicale de notre pays puisque les capacités d’accueil du seul théâtre des Champs Elysées, ne sont pas à la hauteur des pays voisins.
Mathieu GALLET le Directeur de Radio France déclare qu'il ne peut plus financer ses deux orchestres, planifie d'en reléguer un au théâtre des Champs Elysées qui ne veut pas en entendre parler, bien que ce théâtre soit financé par l'argent public. Un orchestre et ses répétitions, c'est encombrant pour planifier une saison (sic) !

Dire qu'à Pleyel il y avait 5 saisons d'orchestres, des productions maisons et des concerts d'orchestres du monde entier... Mais ceci était le résultat de ma direction...

mercredi 18 mars 2015

Remettons les pendules à l'heure…..

La vérité sur Pleyel doit être connue et diffusée :

- le référé du 24 novembre 2014 n'a pas autorisé la concession de la Salle Pleyel, mais a évoqué le choix d'une autre juridiction pour le dossier

- Pleyel a contesté ce jugement par un pourvoi en cassation qui est en cours aujourd'hui

- nous sommes toujours sous la décision du tribunal de commerce qui suspend la concession en attendant le verdict du procès au fond qui n'a pas encore eu lieu.

Conclusion : l'annonce faite avec tambours et trompettes en début d'année par la Cité de la Musique proclamant la concession à Fimalac est une décision sans fondements juridiques.

Actuellement, la Salle Pleyel est fermée.


mardi 3 mars 2015

A Jean Marc Dumontet, JMD Productions

(L'un des candidats à la concession de Pleyel)

Pour vous avoir entendu sur BFM aujourd'hui, je veux vous répondre sur votre intervention concernant la Salle Pleyel : je suis d'accord avec vous sur les points concernant les qualités de l'entrepreneur de spectacles dont j'estime bénéficier moi-même, et aussi d'accord que c'est une mode de vouloir s'approprier des lieux de spectacles par des patrons qui n'ont pas forcément les compétences dans ce domaine.
Par contre, je désapprouve votre présentation de la Salle Pleyel : Pleyel n'est pas un théâtre, n'est pas une salle de spectacles, mais l'auditorium de référence, historique, de la musique classique. Pas une fois, vous n'avez parlé de musique classique dans cet interview.
Si vous revendiquez votre connaissance des arts, il faudrait commencer par là !

Faire de Pleyel un Olympia bis n'a aucun intérêt.

Où en est-on ?

Le chef de l'orchestre de Paris part en courant..., l'architecte du nouvel auditorium fait un procès à l'Etat..., les musiciens professionnels sont désormais considérés comme travailleurs sociaux censés endoctriner des populations qui ont leur propre culture, Radio France est dans le rouge, ses deux orchestres se disputent les mêmes programmes, le nouvel espace culturel nommé "Philharmonie" censé répondre à tous les espoirs des musiciens et du public ne répond ni aux exigences artistiques internationales ni au public.
La Ministre de la Culture a fait fermer la Salle Pleyel, le seul lieu qui réunissait acoustique, exigences internationales et qui pouvait fonctionner sans argent public avec une jauge de 2380 places.
Où est la logique ?
Quelle est cette étrange maladie française qui consiste à détruire les rares organismes qui fonctionnent encore au profit de lubies administratives qui ne profitent à personne, si ce n'est à la vanité de quelques individus ?
Il est toujours temps de redresser la barre : puisque la Philharmonie nous renseigne par ses programmes sur son intention d'accueillir des artistes de variétés, rock et autres..., des expositions sur les rockeurs, David Bowie en ce moment et le cinéma, des bals pour bébés, des spectacles de clowns, et parmi tout cela, quelques programmes de musique classique...
Pourquoi ne pas regrouper tous ces spectacles de variétés additionnés de ceux que l'on voudrait donner à Pleyel, à la Philharmonie, qui serait avec le Zénith voisin un pôle de variétés et laisser ainsi à Pleyel sa spécificité qui est la musique symphonique.
Puisque l'acoustique de la Philharmonie selon les spécialistes présente de nombreux défauts irrémédiables pour le symphonique, pourquoi ne laisse t-on pas celle-ci qui amplifiée, sera bien pour les variétés ?
Il faut adapter les programmes au lieu.
Ce tourbillon de béton qu'est la philharmonie n'est pas adapté au son d'un orchestre symphonique, le son lui aussi tourbillonne, les graves vrombissent et les aigus se perdent. Acceptons-le, on a fait un essai, on s'est trompé, utilisons au mieux l'argent dépensé dans ce bâtiment et mettons un peu de rigueur pour freiner cette fuite en avant qui mène à un désastre culturel et financier.
L'intelligence réside à innover et optimiser dans toutes circonstances...

Le journal de l'ouvreuse.

Publié dans la rubrique culture du site causeur.fr

Joyeux anniversaire ! Pour ses 90 ans, Maître Boulez a reçu le gros Lego qui manquait à sa collection, cette Philharmonie de Paris qu’il me tardait d’inaugurer avec les copines le mercredi 14 janvier.
Remarquez bien qu’il n’ira pas. En tout cas pas pour diriger un orchestre. Le bateau a tellement tardé que Notre Maître a eu le temps de perdre sa légendaire santé et l’usage de ses yeux. Bien triste, tout ça. Quand il l’a commandée au Père Noël, il y a vingt ans, la Philharmonie était Ze salle de concert qui manquait à la planète. Maintenant que l’heure approche, plus personne n’en veut. Les ministres écoutent Rihanna et se cognent de la musique classique comme de leur premier cartable, la Mairie propose de jeter Mozart dans le canal pour coller à sa place la « musique actuelle » que lui vend YouTube.

Enfin la bâtisse va si mal qu’on lui cherche une mission, un destin qui la ferait incontestable. On ne cherche plus d’ailleurs. On trouve. Un beau, un grand destin qui mettra tout le monde d’accord, capitale et pays, droite et gauche. Un destin nommé public. Ou plutôt ce que les sociologues de l’art appellent « non-public ».
Le non-public, à ce que j’ai compris, c’est le public qui devrait être là et qui n’y est pas. On fait des expositions pour lui, et au lieu d’aller les voir il surfe sur la Toile. On tourne des films, et il regarde « Plus belle la vie ». On construit des Opéras populaires, et il va voir Johnny au Stade de France.
Jadis, le non-public se laissait choyer comme une victime. C’était le quidam trop jeune, trop féminin ou trop brun que le mâle blanc laissait à la porte. C’était l’amateur en chaise roulante qui ne pouvait pas monter les marches. C’était l’exclu à inclure.
Mais un jour on a compté. Alors on s’est aperçu que le non-public, c’était une masse de gens. Presque tout le monde, en fait. Un Français sur cinq est allé plus de trois fois au théâtre cette année ; donc quatre sur cinq, écrasante majorité, ne fréquentent pas leurs propres théâtres. Un sur quatre hante les salles de musique classique ; restent trois quarts de non-public à convaincre.
C’est l’argument de la Philharmonie. Un énorme bataillon de mélomanes qui s’ignorent habite des zones où on ne leur propose rien. Proposons, ils viendront. Une telle ruée me sature par avance les épinards de beurre, mais il faut que je vous avoue, cette simplicité m’interroge. C’est bien vrai, ça, que l’ouverture rataplan, pas trop chère et pas trop loin, vous remplit un auditorium de 2 400 places ? C’est bien vrai que la jeunesse de Pantin et du 9.3, reluquant le vaisseau spécial de Jean Nouvel, a inscrit Mozart sur sa playlist ?
Si oui, vivat, bravo, encore. Mais pour le moment tout ce que je vois, c’est la bobine des abonnés. Du public qui vient, qui aime ça, qui revient. À moi, dans les étages, il me le dit qu’il en a marre de se faire traiter d’élite. De se faire marcher dessus par son altesse le non-public. Pendant que les promoteurs de la Philharmonie vaticinent : sus aux rombières de Pleyel, laissez venir à nous les petits absents, qu’est-ce qu’on leur propose, aux présents ? Qu’est-ce qu’on leur promet ? À force de cirer les pompes au non-public, si nombreux en effet, au lieu de l’élargir, ne va-t-on pas nous le fâcher, mon public chéri ? Nous l’aliéner, le perdre ?
Le pourboire du public faisant grise mine mais celui du non-public n’ayant pas de mine du tout, la chose m’inquiète, figurez-vous.

mercredi 25 février 2015

Le FIGARO.FR Par Julia Beyer Publié le 17/02/2015


Jean Nouvel attaque la Philharmonie en justice

L'architecte de l'établissement culturel principalement consacré à la musique classique assigne les commanditaires du projet, demandant à la cour «d'ordonner des travaux modificatifs». En attendant, il refuse que son nom et son image soient associés au lieu.

Jean Nouvel, architecte de la Philharmonie de Paris, ne s'est pas contenté de bouder la soirée d'inauguration de cette dernière. Le créateur de cette nouvelle salle parisienne principalement dédiée à la musique classique vient d'assigner les commanditaires du projet en justice, indique Le Monde.

Selon le quotidien, l'audience se serait tenue vendredi 13 février devant la 3e chambre, 4e section du tribunal de grande instance de Paris. L'architecte ne réclame pas d'indemnisation, mais, par la voix de son avocate, Me Julie Jacob, il demande en revanche à la cour «d'ordonner des travaux modificatifs» à l'ouvrage de façon à ce que les vingt-six «non-conformités» avec le dessin initial soient rectifiées. Il s'agit de parapets, de foyers, de façades, de la couverture des réflecteurs de la salle de concert, de la promenade...

Le délibéré est attendu le 16 avril prochain. En attendant les travaux, Jean Nouvel demande à ce que l'on n'associe pas son nom et son image à l'établissement culturel.

vendredi 6 février 2015

Rejoignez-nous ! adhérez !

Bulletin d'adhésion 

Oui, je soutiens l'association et adresse selon mes souhaits, un don par chèque à l'ordre de "Pour la Musique Classique à Pleyel" 111 avenue Victor Hugo - 75784 Paris Cedex 16



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Adresse……………………………………………………………………………………………………………



Les objectifs de notre association

L'association "Pour la Musique Classique à Pleyel" a pour but :

* De promouvoir les actions culturelles et plus généralement toutes les actions liées à la musique classique et à la défense de la musique classique dans toutes ses formes ;
* De défendre et promouvoir le Patrimoine PLEYEL tant matériel qu’immatériel : instruments, compositions, documents historiques, bâtiments classés et non classés, l’auditorium et annexes sans que cette liste soit exhaustive par toutes actions y compris judiciaire pour préjudice direct ou indirect et ainsi pouvoir ester en justice pour la défense individuelle et/ou collective de ces intérêts ;
* De défendre et promouvoir la Salle PLEYEL dans toutes ses formes et par toutes actions y compris judiciaire pour préjudice direct ou indirect et ainsi pouvoir ester en justice pour la défense individuelle et/ou collective de ces intérêts ;
* D’organiser un comité de soutien et de défense de la Salle PLEYEL tant en sa qualité de site prestigieux que de monument d’intérêt national qui doit perdurer et demeurer en tant que haut lieu de la musique classique;
* De promouvoir les actions de solidarité notamment en soutenant les musiciens et tous créateurs en faveur de la Musique Classique passée et contemporaine;
* Plus généralement, de promouvoir les actions en direction de la préservation du patrimoine et la pérennisation de la mémoire et de l’histoire.
* D’organiser, de créer, de promouvoir, des actions pédagogiques, sociologiques, éducatives, et plus généralement l’organisation de toute action se rapportant à l’objet de l’association.
* De soutenir les programmations musicales qui mettront en évidence la richesse du patrimoine musical français ;
* D’avoir des échanges entre associations et avec du public.
* L’association a un caractère apolitique ;
* De concevoir, de diffuser toute information au travers de tous supports existants ou à créer (médiatiques, numérique, presse, internet, intranet) et plus généralement au travers de toute technologie existante.
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