mardi 31 mars 2015

Massacre de la musique française ?

La maison des orchestres qu'est la Salle Pleyel est actuellement fermée arbitrairement par une volonté politique depuis janvier dernier, et nous assistons maintenant à une désagrégation alarmante des orchestres parisiens.

La Salle Pleyel représente depuis des décennies le point d'ancrage et l'équilibre de la vie musicale parisienne. Il serait temps de s'en rendre compte...
On lit dans Les Echos que la caisse des dépôts refuse de reprendre l'Orchestre National au théâtre des Champs Elysées, on lit dans Le Figaro que l'Orchestre Philharmonique par protestation, a joué à la philharmonie devant une salle vide, et qu'à Radio France les musiciens ont manifesté en jouant à l'extérieur du hall.
Le Parisien nous informe qu'un préavis de grève a été déposé à la Philharmonie de Paris par l'intersyndicale des salariés. L'Orchestre de Paris est donc aussi touché.
Il se trouve ainsi que toute l'activité musicale nationale est en sursis.
Massacre programmé ?

Je sais combien il fallait de diplomatie pour organiser dans un même lieu, Pleyel, la cohabitation de ces orchestres vedettes. Mais cela a fonctionné, et sans doublons, sous ma direction.
Cette situation faisait des envieux qui rêvaient de posséder une part de cette activité.
Ce qui se réalisa :
Radio France fit construire un auditorium pour ses deux orchestres symphonique et philharmonique, l'Orchestre de Paris bénéficia de la philharmonie, et le théâtre des Champs Elysées se félicitait de récupérer les productions internationales qui ne seraient plus accueillies à Pleyel et donc, de monter en grade en se considérant comme l'auditorium de référence, alors que c'est un théâtre comme les autres et le restera.
Raymond SOUBIE, responsable de la cohésion sociale et territoriale de nos différents gouvernements, est également Président du théâtre des Champs Elysées.
Par sa volonté de construire un monopole artistique qui ne convient pas au lieu qu'il administre, c'est à dire de s'accaparer les programmes prestigieux de la musique classique, grâce sans doute à ses relations ministérielles, a fait en sorte de signer la décomposition du milieu musical français.
Le résultat est la sous-exposition de nos artistes français reclus dans les nouveaux auditoriums qui ne bénéficient pas de la réputation internationale.
Ainsi, on dévalue l'activité musicale de notre pays puisque les capacités d’accueil du seul théâtre des Champs Elysées, ne sont pas à la hauteur des pays voisins.
Mathieu GALLET le Directeur de Radio France déclare qu'il ne peut plus financer ses deux orchestres, planifie d'en reléguer un au théâtre des Champs Elysées qui ne veut pas en entendre parler, bien que ce théâtre soit financé par l'argent public. Un orchestre et ses répétitions, c'est encombrant pour planifier une saison (sic) !

Dire qu'à Pleyel il y avait 5 saisons d'orchestres, des productions maisons et des concerts d'orchestres du monde entier... Mais ceci était le résultat de ma direction...

mercredi 18 mars 2015

Remettons les pendules à l'heure…..

La vérité sur Pleyel doit être connue et diffusée :

- le référé du 24 novembre 2014 n'a pas autorisé la concession de la Salle Pleyel, mais a évoqué le choix d'une autre juridiction pour le dossier

- Pleyel a contesté ce jugement par un pourvoi en cassation qui est en cours aujourd'hui

- nous sommes toujours sous la décision du tribunal de commerce qui suspend la concession en attendant le verdict du procès au fond qui n'a pas encore eu lieu.

Conclusion : l'annonce faite avec tambours et trompettes en début d'année par la Cité de la Musique proclamant la concession à Fimalac est une décision sans fondements juridiques.

Actuellement, la Salle Pleyel est fermée.


mardi 3 mars 2015

A Jean Marc Dumontet, JMD Productions

(L'un des candidats à la concession de Pleyel)

Pour vous avoir entendu sur BFM aujourd'hui, je veux vous répondre sur votre intervention concernant la Salle Pleyel : je suis d'accord avec vous sur les points concernant les qualités de l'entrepreneur de spectacles dont j'estime bénéficier moi-même, et aussi d'accord que c'est une mode de vouloir s'approprier des lieux de spectacles par des patrons qui n'ont pas forcément les compétences dans ce domaine.
Par contre, je désapprouve votre présentation de la Salle Pleyel : Pleyel n'est pas un théâtre, n'est pas une salle de spectacles, mais l'auditorium de référence, historique, de la musique classique. Pas une fois, vous n'avez parlé de musique classique dans cet interview.
Si vous revendiquez votre connaissance des arts, il faudrait commencer par là !

Faire de Pleyel un Olympia bis n'a aucun intérêt.

Où en est-on ?

Le chef de l'orchestre de Paris part en courant..., l'architecte du nouvel auditorium fait un procès à l'Etat..., les musiciens professionnels sont désormais considérés comme travailleurs sociaux censés endoctriner des populations qui ont leur propre culture, Radio France est dans le rouge, ses deux orchestres se disputent les mêmes programmes, le nouvel espace culturel nommé "Philharmonie" censé répondre à tous les espoirs des musiciens et du public ne répond ni aux exigences artistiques internationales ni au public.
La Ministre de la Culture a fait fermer la Salle Pleyel, le seul lieu qui réunissait acoustique, exigences internationales et qui pouvait fonctionner sans argent public avec une jauge de 2380 places.
Où est la logique ?
Quelle est cette étrange maladie française qui consiste à détruire les rares organismes qui fonctionnent encore au profit de lubies administratives qui ne profitent à personne, si ce n'est à la vanité de quelques individus ?
Il est toujours temps de redresser la barre : puisque la Philharmonie nous renseigne par ses programmes sur son intention d'accueillir des artistes de variétés, rock et autres..., des expositions sur les rockeurs, David Bowie en ce moment et le cinéma, des bals pour bébés, des spectacles de clowns, et parmi tout cela, quelques programmes de musique classique...
Pourquoi ne pas regrouper tous ces spectacles de variétés additionnés de ceux que l'on voudrait donner à Pleyel, à la Philharmonie, qui serait avec le Zénith voisin un pôle de variétés et laisser ainsi à Pleyel sa spécificité qui est la musique symphonique.
Puisque l'acoustique de la Philharmonie selon les spécialistes présente de nombreux défauts irrémédiables pour le symphonique, pourquoi ne laisse t-on pas celle-ci qui amplifiée, sera bien pour les variétés ?
Il faut adapter les programmes au lieu.
Ce tourbillon de béton qu'est la philharmonie n'est pas adapté au son d'un orchestre symphonique, le son lui aussi tourbillonne, les graves vrombissent et les aigus se perdent. Acceptons-le, on a fait un essai, on s'est trompé, utilisons au mieux l'argent dépensé dans ce bâtiment et mettons un peu de rigueur pour freiner cette fuite en avant qui mène à un désastre culturel et financier.
L'intelligence réside à innover et optimiser dans toutes circonstances...

Le journal de l'ouvreuse.

Publié dans la rubrique culture du site causeur.fr

Joyeux anniversaire ! Pour ses 90 ans, Maître Boulez a reçu le gros Lego qui manquait à sa collection, cette Philharmonie de Paris qu’il me tardait d’inaugurer avec les copines le mercredi 14 janvier.
Remarquez bien qu’il n’ira pas. En tout cas pas pour diriger un orchestre. Le bateau a tellement tardé que Notre Maître a eu le temps de perdre sa légendaire santé et l’usage de ses yeux. Bien triste, tout ça. Quand il l’a commandée au Père Noël, il y a vingt ans, la Philharmonie était Ze salle de concert qui manquait à la planète. Maintenant que l’heure approche, plus personne n’en veut. Les ministres écoutent Rihanna et se cognent de la musique classique comme de leur premier cartable, la Mairie propose de jeter Mozart dans le canal pour coller à sa place la « musique actuelle » que lui vend YouTube.

Enfin la bâtisse va si mal qu’on lui cherche une mission, un destin qui la ferait incontestable. On ne cherche plus d’ailleurs. On trouve. Un beau, un grand destin qui mettra tout le monde d’accord, capitale et pays, droite et gauche. Un destin nommé public. Ou plutôt ce que les sociologues de l’art appellent « non-public ».
Le non-public, à ce que j’ai compris, c’est le public qui devrait être là et qui n’y est pas. On fait des expositions pour lui, et au lieu d’aller les voir il surfe sur la Toile. On tourne des films, et il regarde « Plus belle la vie ». On construit des Opéras populaires, et il va voir Johnny au Stade de France.
Jadis, le non-public se laissait choyer comme une victime. C’était le quidam trop jeune, trop féminin ou trop brun que le mâle blanc laissait à la porte. C’était l’amateur en chaise roulante qui ne pouvait pas monter les marches. C’était l’exclu à inclure.
Mais un jour on a compté. Alors on s’est aperçu que le non-public, c’était une masse de gens. Presque tout le monde, en fait. Un Français sur cinq est allé plus de trois fois au théâtre cette année ; donc quatre sur cinq, écrasante majorité, ne fréquentent pas leurs propres théâtres. Un sur quatre hante les salles de musique classique ; restent trois quarts de non-public à convaincre.
C’est l’argument de la Philharmonie. Un énorme bataillon de mélomanes qui s’ignorent habite des zones où on ne leur propose rien. Proposons, ils viendront. Une telle ruée me sature par avance les épinards de beurre, mais il faut que je vous avoue, cette simplicité m’interroge. C’est bien vrai, ça, que l’ouverture rataplan, pas trop chère et pas trop loin, vous remplit un auditorium de 2 400 places ? C’est bien vrai que la jeunesse de Pantin et du 9.3, reluquant le vaisseau spécial de Jean Nouvel, a inscrit Mozart sur sa playlist ?
Si oui, vivat, bravo, encore. Mais pour le moment tout ce que je vois, c’est la bobine des abonnés. Du public qui vient, qui aime ça, qui revient. À moi, dans les étages, il me le dit qu’il en a marre de se faire traiter d’élite. De se faire marcher dessus par son altesse le non-public. Pendant que les promoteurs de la Philharmonie vaticinent : sus aux rombières de Pleyel, laissez venir à nous les petits absents, qu’est-ce qu’on leur propose, aux présents ? Qu’est-ce qu’on leur promet ? À force de cirer les pompes au non-public, si nombreux en effet, au lieu de l’élargir, ne va-t-on pas nous le fâcher, mon public chéri ? Nous l’aliéner, le perdre ?
Le pourboire du public faisant grise mine mais celui du non-public n’ayant pas de mine du tout, la chose m’inquiète, figurez-vous.