Par
un référé, Didier Migaud premier président de la Cour des
Comptes, adresse aux dirigeants de la cité de la musique des
questions et recommandations.
Nous
avons signalé au public, l'OPA hostile qu'a menée la cité de la
musique contre la Salle Pleyel.
En
tant que directeur général de Pleyel pendant la période concernée,
il apparaît utile que nous complétions aujourd'hui les réponses
données par la cité de la musique.
Sur
la prise de contrôle de Pleyel :
le
CDR sous le contrôle de Bruxelles en 1995 a ouvert candidature pour
la reprise de Pleyel de 1998.
Bien
que la mairie de Paris, comme le ministère de la culture aient
figuré parmi les quelques dizaines de candidats, ce fut notre
dossier qui fut choisi comme étant le mieux-disant culturel et
financier.
Les
statuts de 1995 de la cité de la musique ne permettaient pas à son
directeur Laurent Bayle, de signer un contrat hors la zone
géographique du Parc de la Villette.
Pourtant
en 2006, la cité de la musique s'est invitée à Pleyel s'appuyant
sur un contrat de location de 50 ans signé pendant la validité des
statuts de 1995, et contraignant le Président de Pleyel, alors mis
en examen (au même moment!) dans l'affaire Altran, à signer ce
bail.
Il
stipulait l'obligation du propriétaire à réaliser certains travaux
pour 27 millions d'euros.
La
cité de la musique a donc imposé ces travaux, les a contrôlés,
sans appel d'offre de marché public, bien qu'étant une entité
publique. Elle a imposé l'entreprise Bouygues, entreprise qui a
ensuite construit la Philharmonie.
Clairement,
la cité de la musique fût le maître d'ouvrage de ce chantier. Et
quel chantier !
Sur
la nature des travaux de Pleyel ordonnés par la cité de la musique
:
Sans
entrer dans des détails ennuyeux et sans polémique aucune, les
travaux imposés ont eu deux buts :
-
diminuer la volumétrie de la Salle Pleyel
-
diminuer drastiquement le nombre de places
En
effet, l'architecte de cette transformation, François Céria
déclarait en 2006 sur le site Creargos : "le fond de la salle
est avancé afin de réduire le volume de la salle et supprimer des
sièges...moins de spectateurs et plus de volume général".
On
se demande comment on peut avoir plus de volume général alors que
l'on rapproche les murs de la salle de tous côtés et que l'on
diminue la volumétrie !
En
fait, la jauge réelle passe de 2380 places à 1750 places, soit 630
fauteuils en moins. Les salles attenantes Chopin et Debussy sont
supprimées, soit 650 places.
En
tout, 1280 places sont supprimées.
C'est
un assassinat !
On
aura donc construit la philharmonie pour 20 places de plus...20
places à 400 millions d'euros !
Laurent
Bayle déclarait dans Paris Capitale de septembre 2006 : "le
programme de Pleyel comblera d'aise les amoureux de la musique
symphonique, car c'est à ce répertoire là que la Salle Pleyel est
consacrée...Pleyel est un lieu qui doit avoir une identité forte
sur la question de la redynamisation du répertoire symphonique...".
A
la question : - les artistes non classiques vont-ils proposer des
spectacles ?
Laurent
Bayle répond : "non, car un auditorium n'est pas et ne doit pas
être une salle de spectacle. Pleyel n'est ni l'Olympia ni le Zénith.
Un auditorium c'est un monobloc dans lequel il ne doit y avoir
d'obstacle entre vous et l'orchestre " (sic!).
La
Cour des Comptes invoque des décisions incohérentes : "ces
errements commencèrent par le refus d'acquérir l'immeuble Pleyel en
1998 et se poursuivent encore aujourd'hui avec la fermeture
programmée de la Salle Pleyel aux concerts symphoniques et plus
généralement, à la musique classique pour laquelle cette salle a
été pourtant conçue et rénovée ".
Sur
le sort de la Salle Pleyel :
Malgré
la volonté de la C. de la M. d'anéantir la capacité de Pleyel à
affronter l'avenir, la dépouillant de son public, de ses artistes,
de sa programmation, pour les transporter à la porte de Pantin, la
Salle Pleyel a un bel avenir car reposant sur une histoire
prestigieuse qui ne peut s'éteindre, s'agissant du prestige de la
France et du respect de la culture française.
Il
est donc tout à fait possible de récupérer la jauge et les plans
acoustiques qui ont fait sa réputation, car son implantation est
dépourvue de nuisances du métro ou des périphériques, qui lui
donne un atout unique pour la musique classique.
Sur
la politique de l'offre au public :
La
C.de la M. met en avant un public qui serait vieillissant... C'est
inexact. On a pu le remarquer lors du concert à la mairie du 17ème
"pour le maintien de la musique classique". Il y avait
énormément de jeunes. D'autre part, dans ma fonction de directeur
général, j'ai pu observer que les différentes couches de la
société française y étaient représentées, bien que les places
les plus chères soient occupées par des personnes plus âgées
qu'aux balcons, ce qui somme-toute, est logique.
De
plus, j'ai pu constater que les membres de l'association "pour
la musique classique à Pleyel" résident à 70% en banlieue et
que donc, l'argument de la C.de la M. consistant à expliquer que le
public de Pleyel est situé à l'ouest parisien, ne tient pas.
Il
n'est que de se reporter aux quelques 1.800 commentaires de la
pétition sur internet pour comprendre que le public Pleyel tient, en
vérité, à la qualité et à l'âme du lieu. Cette communauté qui
représente par ses convictions la communauté musicale
internationale, doit être respectée.
Oserait-on
détruire Carnegie Hall, Musikverein, Concertgebouw ?
Sur
le financement :
La
Salle Pleyel créée en 1927 est une entreprise privée qui jusqu'en
2006, date d'arrivée de la C.de la M., n'a reçu aucune subvention
publique. C'est le parfait modèle de l'entreprise privée au service
du public, avec un prix de place souvent moins cher ou égal aux
lieux publics subventionnés. Il n'est besoin de dire que Pleyel fut
une chance pour Paris...
Les
responsables de cette cacophonie administrative, sans doute envieux
de ce modèle économique, mettront toute leur ardeur à le détruire,
ce qui aura pour but la Philharmonie. Elle bénéficie à l'intérieur
du parc de la C. de la M. d'un budget annuel de : 35 millions
d'euros, plus 15 millions, plus pour l'Orchestre de Paris une dizaine
de millions, ce qui fait 60 millions d'euros annuels de subventions
publiques.
A
t-on les moyens de financer une pareille opération alors que la
Salle Pleyel ne coutait rien au contribuable...
Il
est temps de rétablir les priorités nécessaires au maintien de la
musique classique en France, et séparer les préoccupations
électoralistes des nécessités inhérentes à un art fondateur de
la culture française.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire