Deuxième pionnier : Camille
Pleyel (1788-1855).
Pianiste et compositeur, il va
grâce à de nombreux échanges avec les facteurs d'instruments des
grandes villes d'Europe, donner de nombreux concerts mais aussi
imaginer puis concevoir les pianos les plus évolués, le son le plus
raffiné grâce à des inventions techniques qui seront le sujet
d'une vingtaine de brevets.
En 1827, l'usine Pleyel compte
60 ouvriers et produit 108 pianos par an. Fier de son succès,
Camille pense qu'il est temps d'avoir un salon de musique à lui, où
le public pourra entendre ses pianos et ses musiciens. Il s'installe
9 rue Cadet dans l'hôtel particulier Cromot du Bourg. Un an plus
tard, le premier concert présente Marie Moke une jeune pianiste
jolie et talentueuse, alors fiancée à Berlioz, et dont il s'éprend
!
L'année 1831 sera capitale pour
lui : il épouse Marie Moke, perd son père qu'il enterre au Père
Lachaise et rencontre Chopin. Ce jeune pianiste polonais récemment
arrivé à Paris, installé dans deux petites chambres sous les
toits, a besoin d'un piano. Il se rend à la maison de location des
pianos Pleyel et choisit un piano capable de s'accommoder de
l’exiguïté de son logement.
Pour choisir son instrument, il
joue son propre concerto en mi mineur fraichement composé, sur
plusieurs modèles ; les loueurs de pianos sont très impressionnés
et organisent une rencontre avec le patron. A partir de cette
rencontre, un chapitre nouveau de l'histoire du piano s'écrit.
" Camille Pleyel
conscient des qualités exceptionnelles de ce jeune prodige, comprend
qu'il vient de rencontrer l'interprète idéal pour mettre en valeur
la poésie sonore de ses instruments " Pleyel, la passion
d'un siècle de Jean Jude.
Il organise un concert pour
Chopin dans le salon Pleyel en février 1832. C'est le premier
concert de Chopin à Paris. Le salon contient 100 places. Il n'est
pas plein, une menace de choléra s'abattant sur Paris. Cependant
Liszt, assistant au concert, écrit : " les applaudissements
les plus redoublés ne semblaient pas suffire à notre enchantement
en face de ce talent qui révélait une nouvelle phase dans le
sentiment poétique et de si heureuses innovations dans la forme de
son art ".
Et Antoine Orlouski, ami de
Chopin d'écrire : " notre cher Frédéric a donné un
concert qui lui a rapporté un peu d'argent et beaucoup de gloire. Il
a écrasé tous les pianistes de la capitale. Paris en est stupéfié
! ".
Les grands de ce monde se
pressent pour acheter des pianos Pleyel. Des revendeurs Pleyel
s'installent à New York, en Suède, à Madrid, à Naples. De Paris
on expédie des pianos à Varsovie, à Tunis, à Mexico. Chopin
devient le professeur de piano le plus apprécié de Paris, les
meilleurs pianistes veulent ses conseils. Pleyel publie ses
compositions, Chopin reçoit 10% du prix des pianos Pleyel vendus.
l'impact artistique rejailli sur l'impact commercial, les finances
sont florissantes. Chopin adore les plus petits pianos de Pleyel "le
pianino" sur lequel il donne ses cours et avec lequel il voyage.
Il surnomme Camille Pleyel " le chérissime ". Chopin et
Liszt joue ensemble.
Un soir de 1836, Liszt présente
Georges Sand à Chopin. Un amour mythique éclate entre Paris,
Nohant, Majorque. Chopin fait des concerts en province et chaque fois
le public est émerveillé. Encore plus de leçons demandées, encore
plus de pianos vendus.
La recherche artistique entre
les pianistes virtuoses et les techniciens de l'usine Pleyel,
entraîne des progrès fulgurants. De nouveaux modèles de
mécaniques, de nouvelles formes de pianos.
En 1834, Camille décide de
s'agrandir et achète un important terrain rue Rochechouart, afin d'y
faire construire des ateliers de fabrication, des salons de vente et
une salle de concert de 300 places. Pour financer ces travaux, il met
en vente son commerce d'éditions musicales.
Cinq ans plus tard, inauguration
du nouveau salon qui va s'appeler "Salle Pleyel", sise au
22 rue Rochechouart. C'est là que se produiront, outre Liszt et
Chopin, Cesar Franck, Rubinbstein, Saint Saïens, tous les grands.
En 1848, Chopin fait une ultime
tournée de concerts au Royaume Uni. Sa santé déclinant, il jouera
pour la dernière fois à Paris chez Pleyel, le 16 février. Il
mourra l'année suivante, place Vendôme, au lieu des actuels salons
Chaumet. Ses funérailles seront célébrées à l'église de la
Madeleine, le requiem de Mozart l'accompagnera.
En 1855, l'entreprise Pleyel
reçoit la médaille d'honneur à l'Exposition Universelle à Paris.
On produit alors 1200 pianos par an. Le 4 mai, Camille qui occupe
l'appartement du 1er étage au dessus de la salle de concert, se lève
très tôt comme à son habitude. Pourtant, il ressent une grande
lassitude. Il se rend aux portes de ses ateliers pour ouvrir à ses
ouvriers lorsque tout à coup, une immense douleur traverse sa
poitrine. C'est une crise cardiaque, il meurt sur le coup. Il a 67
ans. Son directeur de l'usine, Auguste Wolff, va prendre sa
succession.
A suivre….
A suivre….
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